Histoire du village de Agnam-Goly
vestiges historiques
Fondation
Agnam-Goly est fondé par la famille des Thioye bien avant 1529. Les Thioybé commencent à habiter les grottes dans le diéri, au sud du village, à plus de douze mètres d'altitude. Ces grottes qui leur servent d'abri sont protégées par de grosses pierres, toujours visibles dans ce site historique. Ils y laissent une mosquée en clôture de pierres avant de regagner la partie nord du walo qui abrite l'actuel site du village pour les besoins de l'agriculture et de la pêche. Au début, le village ne comporte qu'un seul foyer autour duquel sont construites des cases abritant une famille chacune afin de resserrer les liens de parenté et d'encourager la solidarité entre voisins. Ces premières habitations, dont certaines ont survécu, se situaient au centre de l'actuel village.
Le village comprend traditionnellement six quartiers avec leurs notables : Diobé-Barrobé, Saarbé, Salsalbé, Gadiobé, Koundiobé et Sinthiou.
Au XVIe siècle, au moment de la conquête du Fouta par Koli Teŋella, Agnam-Goly – comme les autres Agnam (Aañam) – fait déjà figure de véritable ville :
« Le Booseya occidental va de Hoorefoonde à Bokijawe. C'est une rue de communautés villageoises dont certaines sont de véritables villes : les Aañam (Wuro-Moolo, Goli, Liiduɓe, Coɗay, Wuro-Sira, Siwol, Godo, Tulel-Calle, Ɓaarga), la grosse agglomération de Cilon, Daabia Odeeji, Kobillo, Gudduɗe-Joobbe et Gudduɗe Ndueetɗe, Boki-Jawe. »
Mythe de Dooroy et Boda-ngal
Le mythe de Dooroy et Boda-ngal est toujours vivant. Dooroy se situe dans le walo et le Boda-ngal dans le diéri. Ces deux lieux mythiques sont habités par l'esprit d'un mbaroodi Dooroy légendaire qui migre respectivement de Dooroy au Boda-ngal avec la crue et la décrue du fleuve Sénégal. Que ce soit au Dooroy ou au Boda-ngal, le mbaroodi Dooroy ne peut habiter que dans un point d'eau. Le Dooroy comprend une petite rivière au milieu d'une forêt dense en acacia non loin de la mare de Tain-ngu, tandis que le Boda-ngal abrite la mare de Biidal en passant par le cimetière.
Notre « mbaroodi Dooroy » est un mâle et sans queue suite à une bataille contre le « mbaroodi maayel Barga » qu'il rendra borgne à son tour. La mare de Barga en question les opposait. Le nôtre voulait annexer cette mare suite à une longue saison sèche mais en vain. Et par l'intermédiaire du rêve, il donna l'ordre de lui creuser des puits dans la partie du Dooroy et d'y verser du lait en offrande sans oublier ses interdits :
« N'y lavez point vos nattes et vos marmites, une femme enceinte et une nouvelle mariée n'y traversent pas et surtout n'y urinez pas. »
Avec la crue du fleuve Sénégal, sa place préférée de Boorti Thioura reste toujours agitée, c'est-à-dire que l'eau est en mouvement et la profondeur inimaginable.
Nos sages l'invoquaient à chaque fois que besoin est en prononçant la formule secrète commençant par « Yaa Dooroy, yaa Boda-ngal... » avec son argile béni.